Le recyclage de l’acier et son réemploi
Valoriser les déchets… Décarboner la filière… Favoriser des pratiques plus éco-responsables… Pour le secteur de l’acier, la lutte contre le dérèglement climatique a déjà commencé.
Pour autant, des efforts restent à faire.
Car s’il est vrai que l’acier est un matériau durable, on ne peut en dire autant de sa production, régulièrement classée au rang des plus polluantes de la planète. Raison pour laquelle il est urgent de renforcer les actions visant à réduire l’empreinte carbone de la filière.
Cette nécessité, le secteur de la construction métallique l’a bien comprise.
En favorisant le recyclage et le réemploi de l’acier, ses acteurs souhaitent s’inscrire dans une logique d’économie circulaire apte à répondre aux défis environnementaux actuels.
Comment se matérialisent ces actions à visée durable ? Des éléments d’explication dans cet article.
La production primaire de l’acier, talon d’Achille environnemental de la filière
Où qu’on pose le regard, l’acier est partout. La construction et le secteur automobile en font notamment un usage massif. Non sans raison, car il s’agit bien d’un matériau aux vertus étonnantes. Résistance, flexibilité, durabilité : la liste de ses qualités est longue. Et elle explique sans doute l’omniprésence de l’acier dans notre quotidien.
Mais alors que l’acier fait l’unanimité, l’industrie qui le produit est, elle, souvent critiquée pour ses faux pas écologiques.
Il est vrai qu’avec 2,6 milliards de tonnes de CO2 générées en 2020 (soit environ 8 % des émissions mondiales) la filière fait plutôt figure de mauvais élève côté bilan carbone.
En cause ? La production primaire de l’acier, énergivore… et polluante.
La fabrication d’acier à partir de matières premières coûte en effet très cher à la planète. Extraction du minerai de fer, usage du charbon, fabrication de la fonte : tous ces processus impactent l’environnement. Parce qu’ils produisent gaz à effets de serre et particules polluantes, mais aussi parce qu’ils génèrent des déchets solides…
Consciente de sa responsabilité environnementale, la filière acier a décidé d’agir.
C’est ainsi que des stratégies reposant sur le recyclage et le réemploi ont été mises en place.
Le recyclage de l’acier
De la récupération des déchets résultant de la fabrication primaire à celle de l’acier des produits usagés, à toutes les étapes de son cycle de production, l’acier peut être recyclé.
Le recyclage de l’acier, 4 étapes pour une nouvelle vie
La Collecte, une phase cruciale
La collecte est réalisée à partir de sources diverses, qu’on peut rassembler en trois catégories :
- les déchets de production : il s’agit-là des résidus générés par les industries (construction…), les ateliers mécaniques (tournures…) et les usines métallurgiques (laitiers…) ;
- les produits obsolètes ou en « fin de vie » : des emballages métalliques aux automobiles, des structures métalliques démantelées aux vieux appareils électroménagers ;
- les déchets municipaux : en provenance des centres de recyclage et des programmes de récupération.
La REP du bâtiment (PMCB) est entrée en vigueur en 2023. Principe environnemental, elle impose aux producteurs de matériaux de construction de prendre en charge la gestion de la fin de vie de leurs produits. Pour les entreprises de construction, cela signifie que les déchets du bâtiment seront peu à peu repris gratuitement afin d’être valorisés.
Le tri, manuel ou automatique
Autre étape essentielle, le tri. Il permet de séparer les différents types de métaux issus de la collecte et sert à éliminer les impuretés.
Il peut être réalisé manuellement. Mais l’automatisation est de plus en plus la norme.
Aimants, séparateurs à courant de Foucault, détecteurs de métaux et scanners de densité sont alors mis en œuvre pour opérer un tri des matériaux à recycler.
Le traitement, une opération de nettoyage
Avant la refonte, l’acier doit être nettoyé. Peintures, plastiques et autres contaminants sont donc éliminés par le biais de traitements chimiques ou mécaniques.
Les pièces d’acier sont ensuite broyées puis compactées, en blocs ou en balles.
La refonte, étape finale du processus de recyclage
Une fois trié puis traité, l’acier est placé dans un four de fusion, le « FAE » (Four à Arc électrique). Le processus de refonte s’achève par une phase de solidification. Tôles métalliques, barres ou lingots prêts à l’usage prennent ainsi forme à l’issue de cette opération.
Les avantages du recyclage
Obtenir de l’acier en économisant 75 % d’énergie : c’est ce que permet le recyclage, bien moins énergivore que la production primaire.
Bien sûr, la nécessité d’extraction de minerai de fer se trouve aussi réduite. Les gisements naturels ne devraient que mieux s’en porter…
Précisons enfin que le recyclage émet logiquement moins de gaz à effet de serre que la production d’acier neuf. C’est donc bien un atout pour s’engager sur la voie de la décarbonation.
Les défis liés au recyclage
L’Adème ne cesse de le marteler : la France ne tire pas autant de valeur qu’elle le pourrait du recyclage des matériaux métalliques. C’est en tout cas ce qu’il ressort d’une Étude du potentiel d'amélioration du recyclage des métaux publiée en 2023.
Les industriels seraient-ils méfiants à l’égard des métaux recyclés ? Pas impossible, parce que le cadre d’usage de ces matériaux nécessite encore des ajustements. Et que, pour les industriels, s’engager dans la voie du recyclage revient souvent à choisir un chemin semé d’embûches.
Bons à savoir : pour la filière Construction Métallique, les poutrelles sont issues d'acier recyclé à hauteur de 98%. Les 2% restants sont des additifs afin de respecter les différentes nuances d'acier.
Des difficultés qui tiennent également à la qualité de l’acier. Car aussi performante que soit l’étape du tri, des impuretés et alliages indésirables peuvent subsister dans l’acier recyclé. Au bout du compte, la qualité de l’acier s’en trouve parfois amoindrie. Pour un usage industriel, miser uniquement sur l’acier recyclé s’avère donc risqué.
On constate par ailleurs des difficultés liées à la disponibilité et à la collecte des matériaux.
Car les indicateurs le prouvent : l’offre en ferraille est encore suffisante pour répondre à l’intégralité des besoins industriels. Par ailleurs, les infrastructures de collecte sont souvent jugées inadéquates par les professionnels.
Enfin, l'aspect économique n’est pas à négliger. Car les coûts de traitement et de purification, souvent liés à des technologies complexes, restent élevés.
Une approche complémentaire : le réemploi de l’acier
Tout comme le recyclage, le réemploi prolonge la durée de vie des produits en acier. En ce sens, il réduit la demande de nouveaux matériaux tout en minimisant la production de déchets.
Mais alors que le recyclage demande une transformation de la matière, le recours au réemploi implique l’utilisation d’éléments en acier dans leur forme originelle. Nul besoin de refonte : les pièces sont démontées puis directement réemployées en tant que telles.
Les propriétés intrinsèques de l’acier originel sont ainsi préservées. Un plus indéniable, notamment pour une réutilisation dans le secteur de la construction où l’exigence est très élevée : le maintien de la qualité technique d’un ouvrage dépend en effet en grande partie de la qualité du matériau utilisé.
Quel avenir pour le réemploi de l’acier en construction métallique ?
Par son adaptation au réemploi, l’acier remplit toutes les conditions pour favoriser une logique d’économie circulaire dans le secteur de la construction. Quelques difficultés restent toutefois à aplanir…
Construction métallique et réemploi de l’acier : pourquoi ça fonctionne ?
Résistance, durabilité, rapidité d’installation… On connaît les qualités des structures métalliques. Exemplaires par leur modularité, elles présentent aussi un énorme avantage pour ce qui est des stratégies de réemploi.
Édifiées grâce à des systèmes constructifs à base d’assemblages boulonnés, elles peuvent en effet être démantelées facilement.
Sous réserve que l’usage évolutif des éléments de construction ait été pris en compte dès leur conception en usine, la déconstruction d’un bâtiment en acier s’avère assez simple. Dès la phase d’édification d’un bâtiment, l’idéal est donc d’œuvrer en pensant « réemploi » : on facilite ainsi d’emblée la récupération future des pièces d’acier pour d’autres projets.
Construction métallique et réemploi de l’acier : les freins qui restent à débloquer
Performances techniques préservées, limitation de la production de déchets, optimisation des coûts : la pratique du réemploi a en théorie tout pour plaire.
Pourtant à ce jour, on l’a vu, la part du réemploi d’acier par les entreprises charpente métallique reste confidentielle.
Avant d’espérer un réel changement, certains freins devront en effet être débloqués…
Le Centre Technique Industriel de la Construction Métallique (CTICM) l’a bien compris : le cadre normatif (très) complexe du secteur de la construction n’incite pas vraiment les acteurs de la filière à s’engager dans la voie du réemploi de l’acier.
Bien décidé à faire bouger les choses, le CTICM s’est donc attelé à la rédaction d’un précieux référentiel dédié au réemploi d’éléments structuraux en acier.
Avec cet ouvrage, le CTICM souhaite notamment résoudre le problème de l’assurabilité, véritable serpent de mer du secteur de la construction.
Parmi les initiatives qui permettront de faciliter la revalorisation des pièces d’acier, saluons également la création d’une « market place » baptisée MétalRéemploi. Placée sous l’égide du CTICM, cette plateforme doit permettre la mise en relation des acheteurs et des vendeurs de pièces d’acier de réemploi. Bien décidés à favoriser la mise en place de ces nouvelles modalités dans la filière construction, les créateurs de la plateforme souhaitent aussi offrir une assistance pour la requalification des produits. Des certifications quant à la performance des pièces proposées seront donc fournies ; elles devraient permettre de résoudre les problèmes d’assurabilité.
L’acier recyclé et l’acier de réemploi présentent d’énormes qualités, dont il serait regrettable de ne pas profiter alors même que les préoccupations environnementales se font chaque jour plus prégnantes. Revalorisé, l’acier semble en effet un allié idéal pour pallier l’épuisement des ressources en minerai et réduire les impacts environnementaux liés à la production primaire d’acier.
L’entreprise BOUQUET, spécialiste de la charpente métallique, s’est pour sa part engagée à favoriser l’utilisation d’acier de réemploi de qualité. Vous souhaitez en savoir plus sur nos constructions métalliques ? N’hésitez pas à nous contacter, nous nous ferons un plaisir de vous renseigner.